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Cela faisait plus deux ans que je voulais voir ce film, à cause des excellentes critiques qu’il avait reçues. J’ai enfin pu réaliser ce souhait ce week-end.

Et ça n’a pas manqué, j’ai été touché par sa poésie et sa grâce. Son atmosphère sonore est aussi particulièrement travaillée. Comme la plupart des grandes oeuvres, ce film se laisse difficilement classer dans une catégorie ou dans un genre: film de monstre, film sur la famille, film politique, film écologique, et même film comique et burlesque par certaines scènes, The Host est tout cela à la fois et beaucoup plus.

Du grand cinéma, qui donne envie de découvrir les autre oeuvres de son auteur Bong Joon-ho,

Le bonheur à deux exige une qualité très rare d’ignorance, d’incompréhension réciproque, pour que l’image merveilleuse que chacun avait inventée de l’autre demeure intacte, comme aux premiers instants.

Romain Gary - Charge d’âme

Parfois les limites du User generated content sont vite atteintes. Par exemple, la bonne traduction de «How do you do?» sur Yahoo Answer n’est pas celle qui a été «élue». Il faut lire les commentaires, pour deviner que la traduction correcte est «Enchanté de faire votre connaissance». Un lecteur pressé continuera à se tromper.

Ci après la preuve par le papier, issue de La grammaire anglaise de l'étudiant. How do you do

Profitons en tant qu’il y a encore des livres.

Au moment où j’arrête enfin d’utiliser mes comptes gmail pour mon courrier personnel, afin d’être cohérent avec le reste de mes agissements, RMS, le fondateur du logiciel livre, rappelle que l’utilisation de tels services est "stupid". Merci pour moi.

Sa critique porte, entre autres, sur la dépendance et donc l’atteinte aux libertés qu’impliquent l’utilisation de ces services. Or il est possible, même avec gmail, de garder ses données chez soit, en backup. Mais les problèmes de vie privée demeurent.

Coïncidence, au même moment je commence à utiliser un nouveau service, anobii, pour recenser mes dernières lectures. À chaque utilisation d’applications de type web 2.0, qui fonctionne suivant le principe des réseaux sociaux, il faut prendre conscience des informations personnelles que l’on diffuse, et de la dépendance où l’on se place.

Dans le cas présent, la diffusion de quelques unes de mes lectures ne me pose aucun problème. Cela complète ce que j’écris dans ce carnet. De plus une telle liste peut s’avérer utile pour la fin de l’année.

J’aurais beaucoup aimé acheter la eeeBox, afin d’en faire le boîtier multimédia qui me manque depuis des années. Cette machine a pour elle beaucoup d’atouts:

  • un prix plus que raisonnable de 220 €;
  • une taille discrète, et un design élégant;
  • silencieuse;
  • une sortie DVI, indispensable pour lire des vidéos sur un écran plat.

Hélas Asus ne vend cette machine qu’avec le système Windows. Après avoir attendu des semaines une annonce quelconque sur la version GNU/Linux de la eeeBox, j’ai laissé tombé.

Je me suis acheté d’occasion un vieux Mac Mini de 2005. Au même prix, mais en beaucoup plus lent et avec un quart de la Ram par rapport à la boîte d’Asus, avec toutefois un lecteur DVD en plus. Pour le moment ce vieux croûton de Mac Mini s’est bien adapté à son passage au libre, et remplit très bien sa fonction.

Non, rien à faire, je ne m’y fais pas. Ce que je fais n’a aucun sens. Je découvre un bon restaurant, je le présente à tout le monde dans un magazine. Allez à tel endroit, choisissez tel plat. Mais faudrait-il que les gens se déplacent exprès pour ça? Ils n’ont qu’à goûter eux même et choisir ce qui leur plaît. Non? Pourquoi faut-il dire aux gens ce qu’ils doivent manger? Pourquoi faut-il leur apprendre même la façon de lire un menu et de choisir leur plat? Et en plus, dès qu’un restaurant est rendu célèbre par un article dans les journaux, la qualité de la cuisine et du service se met à baisser. C’est le cas pour neuf établissements sur dix. L’équilibre de l’offre et de la demande est détruit. À cause de gens comme moi. On découvre quelque chose et après on le détruit systématiquement. On trouve quelque chose d’immaculé et on le rend plein de tâches. Les gens appellent ça de l’information. On passe au peigne fin tous les espace de la vie et de l’intimité des gens, et on appelle ça le raffinement de l’information. Ce genre de choses me dégoûte au plus haut point, alors que je le fais moi même.

Haruki Murakami - Danse, danse, danse

Cet énorme pavé, de plus de mille pages, aurait pu être publié sous la forme de cinq livres autonomes, ainsi que l’aurait souhaité l’auteur avant sa mort. De fait chaque chapitre raconte sa propre histoire, indépendante des autres. Cependant, des thèmes et des personnages communs, ainsi bien évidemment la ville de Santa Teresa, le lieu où finit chaque histoire quand elle n’y commence pas, tissent des liens entre les différents chapitres. Cette ville est la transposition de la ville de Ciudad Juárez, située au nord du Mexique, proche de la frontière étasunienne. Ciudad Juárez est tristement célèbre pour les centaines de meurtres de femmes qui ont eu lieu depuis 1993, meurtres restés impunis.

L’éditeur et le légataire littéraire de l’auteur, Roberto Bolaño, ont finalement décidé de publier les cinq livres ensemble. Ce qui est plutôt une bonne chose, sauf si vous devez transporter l’encombrant pavé résultant un peu trop souvent. Heureusement pour moi, je l’ai lu en vacances et je n’ai pas eu à le déplacer dans les transports en commun, contrairement aux livres du reste de l’année.

Les cinq histoires de l’ouvrage n’ont pas toutes la même ampleur. La deuxième et la troisième paraissent bien anecdotiques en regard des trois autres.

Le premier livre, “La partie des critiques”, raconte avec légèreté les amours et la passion de quatre universitaires pour un mystérieux écrivain allemand Benno von Archimboldi. En poursuivant cet écrivain, qui n’a pas été aperçu depuis des dizaines d’années, trois d’entre eux se retrouvent dans la ville de Santa Teresa. À partir de ce moment l’histoire bascule. La ville, sa chaleur, sa pollution et ses crimes, les étouffent et les plongent dans un sentiment d’irréalité qui atteint aussi le lecteur. Lorsqu’ils ne restent plus que deux à continuer leur séjour, tout en ayant abandonné leur quête de l’écrivain, le temps et l’histoire se suspendent.

Le deuxième livre raconte la vie d’un philosophe, entr’aperçu dans la première histoire, venu vivre à Santa Teresa. Le troisième livre est consacré à un journaliste venu suivre un match de box, toujours dans la même ville. Cette intrigue s’intégrera dans la trame du roman lorsque le journaliste rencontrera de la fille du philosophe.

Le quatrième livre constitue le coeur de l’ouvrage. Il est constitué principalement d’une énumération chronologique de toutes les femmes retrouvées mortes, de leurs apparences et des conditions dans lesquelles chaque corps a été signalé à la police. D’un style froid comme un rapport de police, la succession des paragraphes courts n’est pas sans rappeler certains romans de James Ellroy. Cette énumération morbide est entrecoupée par des digressions autour de personnages secondaires. Alors que chaque description de femme morte occupe généralement un seul et court paragraphe, d’une page environ, ces histoires en marge de la trame principale sont l’occasion pour Bolaño d’écrire de véritables petites nouvelles. Telle est l’histoire de la voyante Florita Almada dont la narration s'étend sur 12 pages, depuis son enfance jusqu’à son irruption dans le récit principal.

Le dernier chapitre raconte la vie de celui qui deviendra l’écrivain Benno von Archimboldi. La rupture de ton avec le chapitre précédent est radicale, ce chapitre étant le plus poétique du livre, voire le plus onirique. Né Hans Reiter, le futur écrivain aura une vie mouvementée, combattant pendant la seconde guerre, non pas avec courage mais avec désinvolture, puis multipliant les petits métiers pour survivre et pour parcourir l’Europe. Là encore Bolaño multiplie les intrigues secondaires, les récits dans le récit, les retours en arrière. Ce foisonnement d’histoires est un véritable plaisir pour le lecteur qui, en plus, a le sentiment d’entrer dans un monde secret en découvrant enfin le sujet principal du premier chapitre, resté caché jusqu’alors.

Dans une intrigue annexe consacrée à la soeur de Hans Reiter, Les dernières pages du livre expliquent la présence de l’écrivain à Santa Teresa. C’est alors que l’histoire reste suspendue dans le vide, inachevée. Les crimes restent sans aucune explication, aucun mystère n’est résolu, et la fin de l’histoire de Benno von Archimboldi nous restera inconnue.

Ce n’est pas la frustration qui s'empare du lecteur à ce moment là, mais plutôt le sentiment que, quelque part dans les pages précédentes, des indices ont été semés, une clé a été cachée. Une clé qui permet de tout expliquer: la laideur de Santa Teresa, les crimes abominables, le génie d’Archiboldi. Une clé pour comprendre l’âme humaine, capable de ces crimes comme de cette oeuvre.

La première chose que l’on désire en terminant ce livre, c’est de le recommencer depuis le début.