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Ils se droguaient avec toutes sortes de belles idées qu’ils se faisaient d’eux-mêmes et de leur talent, des hommes et de leur puissance, de ce qu’ils appelaient leur civilisation, leurs maisons de la culture, avec le matériel des surplus américains qui couvrait déjà toute la terre et qu’ils envoyaient maintenant tourner autour de la lune, à la recherche d’endroits toujours nouveaux où ils pourraient déverser leurs ordures.

Romain Gary. Les mangeurs d’étoiles

Les Simbas mangeaient leurs prisonniers blancs et noirs après les avoir torturés. Les Allemands les transformaient en savon. La différence entre les Simbas barbares et les Allemands civilisés était tout entière dans ce savon. Ce besoin de propreté, c’est la culture.

Romain Gary. Les mangeurs d’étoiles

- Faut que tu sortes de l’enfance, dit-elle enfin. C’est tout. Mon petit gars pas verni, mon petit gars à moi, il ne t’est jamais venu à l’idée que nous aussi, on fait notre numéro? On est plus vieilles que vous, on a vécu à l’intérieur de vous, autrefois: la cinquième côte, la plus proche du coeur. Nous avons su tout ce qu’il y avait à savoir, à ce moment là. Depuis, ça a été notre jeu de nourrir ce coeur, que tous vous croyez creux, alors que nous, on sait qu’il n’en est rien. Et en plus vous vivez en nous pendant neuf mois, et chaque fois aussi que vous avez envie de retourner d’où vous venez.

Thomas Pynchon, V.

Ce qui était au départ un compromis de couple a fini par devenir un petit plaisir simple. Délicieusement réac et profondément romantique, Gossip Girl est maintenant une série que je regarde au degré 1.5: dans une oscillante permanente entre le premier et le second degré.

Mais dernièrement j’ai découvert le vrai secret du charme de cette série: la voix de Gossip Girl est celle de Kristen Bell, ex Veronica Mars. Tout s’explique. .

Après un peu plus d’une semaine d’absence, un seul article pour commenter la semaine. Et pour changer un article «papier», dans le hors série consacré aux geeks de Technikart. Il s’agit d’un entretien d’Alan Moore. Extrait:

[...] (Les comics) rabâchent tous la même idée de la vacuité de la vie moderne dans la classe moyenne américaine. On ne peut qu’être d’accord avec eux, bien sûr, mais il y a des problèmes nettement plus importants dans le reste du monde. L’Amérique est un pays qui se sert avec disproportion des ressources mondiales. Ceux qui sont bien installés dans cette société pourraient faire mieux avec leur art. Nous sommes dans un siècle plutôt sérieux, des choses vont nous arriver et il va falloir que l’on s’en charge. Je ne pense pas qu’il soit très bon ni de se retirer au sein d’une fantaisie superhéroïque, ni dans une esthétique qui met en avant l’horreur des choses.

Le propos est un peu naïf. Le support de l’entretien (un journal papier, un espace limité, une approche 'buzz') a peut-être empêché un développement plus approfondi de ces idées. Néanmoins leur intérêt restent double.

Alan Moore jouit d’une aura et d’un prestige peu égalé dans le monde des comics et de la bande dessiné. La sortie du film adapté de son oeuvre Watchmen étant imminente, le grand public ne va pas tarder à faire plus ample connaissance avec ce personnage. Immanquablement il sera présenté comme celui a fait entrer les comics dans l’âge adulte.

Et voilà qu’au même moment il se détache de ce qu’est devenu son héritage. Non seulement il considère que son oeuvre n’a pas été comprise par ceux qui s’en réclament, mais il en veut à quasiment toute l’industrie du comics d’ignorer le monde qui vient.

Il est très facile de généraliser son propos. C’est là le deuxième intérêt de ce texte. La question que pose Alan Moore est la suivante: Est-il encore possible de se divertir, de se cultiver dans un monde au bord du chaos?

Lui même continuant à écrire, sa réponse doit être Oui, sous certaines conditions.

Ps: Arbitrairement, la sélection de liens devient une parution totalement aléatoire. C’est bien plus simple ainsi. J’aurais suivi une tendance pendant deux semaines. Presqu’un record.

Du droit à la déconnexion

La déconnexion est-elle possible? Est-elle politique ou un acte privé? InternetActu, à l’aide de Pierre Mounier et de Danah Boyd, s’interroge. Êtes-vous capables de rester 24 heures, 48 heures, sans vous connecter? De quand date la dernière fois où vous êtes restés aussi longtemps non connectés?

Dans le monde physique, nous avons construit un certain nombre de remparts pour délimiter et construire notre vie privée. La propriété privée, la limitation des horaires de travail en sont des exemples. Ce n’est pas encore le cas avec les nouvelles technologies, d’autant plus que nous les maîtrisons encore assez mal

La question de la déconnexion revient à celle de l’articulation entre l’espace privé et l’espace public, explique Pierre Mounier. Les outils numériques augmentent l’espace public physique que nous connaissons et offre la possibilité de créer des espaces publics déconnectés de ceux que nous connaissons.

Participer à un espace public nous impose des normes, des règles de comportements, mais si on ne peut y résister ou y exister, on peut décider de s’en extraire ou de s’en exclure.

Aujourd’hui, force est de constater que cette déconnexion politique s’étiole au profit de la reformation de sous réseaux privés pour construire un “entre soi” sans revendication politique commune, à l’image des sites sociaux.

Du devenir de la recherche en France

La décrépitude annoncée: à lire pour comprendre ce qui arrive.

L’Ecologie Profonde

À découvrir dans ce texte, à l’occasion de la mort de son concepteur. Peut-on être traité de terroriste pour être d’accord avec cette philosophie? Oui, sûrement.

Pour une fois je vais suivre une tendance, et comme beaucoup d’autres sites, je vais partager à mon tour mes lectures les plus marquantes de la semaine.

Savons-nous encore lire?

Je n’avais pas encore lu le texte «Est-ce-que Google et Internet nous rendent idiots?» de Nicolas Carr, traduit et diffusé en français une première fois sur le site de Framasoft et repris par InternectActu cette semaine. Nicolas Carr pointe ce qui est sans aucun doute une évolution majeure de nos mentalités, de notre façon de penser et d’être.

Extraits:

Notre capacité à interpréter le texte, à réaliser les riches connexions mentales qui se produisent lorsque nous lisons profondément et sans distraction, reste largement inutilisée.

L’idée que nos esprits doivent fonctionner comme des machines traitant des données à haute vitesse n’est pas seulement inscrite dans les rouages d’Internet, c’est également le business-model qui domine le réseau.

Une lecture tranquille ou une réflexion lente et concentrée sont bien les dernières choses que ces compagnies désirent. C’est dans leur intérêt commercial de nous distraire.

Si nous perdons ces endroits calmes ou si nous les remplissons avec du “contenu”, nous allons sacrifier quelque chose d’important non seulement pour nous même, mais également pour notre culture.

Ce texte, un peu effrayant, a le mérite de poser de très bonnes questions, et d’interpeller le lecteur que je suis. Un bon test pour savoir ce texte vous concerne est d’essayer de le lire d’une seule traite.

Le futur de l’eau

Comment faire face aux futurs problèmes liés à l’eau (rareté, pureté et distribution) qui ne manqueront de surgir dans les années à venir? Voici une proposition sous la forme d’un nouveau paradigme s’appuyant sur deux bases:

  • la distinction «eau hygiénique», celle du robinet, et l’«eau à boire»;
  • la généralisation des toilette sèches.

Le terme de «paradigme» pour qualifier cette proposition est réellement adapté tant la solution demande une véritable révolution de notre façon de vivre. Elle semble à la fois très simple à mettre en oeuvre, d’un point de vue purement technique, mais aussi extrêmement difficile à faire adopter. Essayez donc de proposer des toilettes sèches dans votre immeuble :-)

Au passage ce texte nous apprend pas mal de choses sur le réseau actuel de distribution de l’eau. Extraits:

Pour le réseau d’assainissement comme pour le réseau d’eau potable, il n’existe pas de maintenance préventive ni de remplacement de conduite avant dégradation majeure. Si les collectivités locales ne peuvent pas réaliser un renouvellement préventif de ces réseaux, le risque pour que l’on arrive, à un horizon de 40 à 50 ans, en particulier pour l’assainissement, à une situation où l’ensemble des réseaux sera vétuste et déficient deviendra très élevé

Un français ne consomme au sens large que quelques centièmes du volume d’eau potable qui entre dans son habitation.

Si [...] tous les usagers restreignaient d’une façon ou d’une autre leur consommation d’eau du robinet, les réseaux d’alimentation en eau potable ne pourraient plus les alimenter en eau potable ! On se heurterait en effet très vite à un grave problème de contamination microbiologique car toute réduction significative des volumes consommés entrainerait une contamination systématique de l’eau potable à cause de la stagnation dans les tuyaux qui se trouveraient de fait surdimensionnés.

L’article à diffuser

Le texte au Journal Officiel, et son explication par Eolas. Que rajouter? Rien.

Les Fusils, de William T. Vollmann, est décrit par son auteur comme un rêve. C’est effectivement le meilleur moyen de l’aborder.

Il faut être prêt à entrer dans un rêve, avec ses incohérences, ses mélanges de personnages et d’époques qui se rencontrent et qui se croisent sans logique immédiate. S’il accepte cette structure décousue du roman, le lecteur pourra alors se laisser emporter pour un voyage dans le Grand Nord, dans le grand froid.

Vollmann reconstitue la dernière expédition de Sir John Franklin, partie à la recherche d’un passage pour rejoindre l’océan pacifique de l’Angleterre en passant au dessus du cercle polaire. Cette aventure finira par la disparition de tous ses participants, certainement morts de faim, de froid, et atteints de saturnisme. Dans ce roman, dans ce rêve donc, le personnage de John Franklin est identifié à Capitaine Subzéro, autre personnage, voyageur du vingtième siècle s’aventurant chez les inuits. Les deux partagent la même amante, Reepah, «une femme au coeur magnifique».

Le froid, la faim, la famine, la chasse, le cannibalisme, la survie à -30 degré (une température chaude), ce livre nous emmène dans des territoires inconnus, et extrêmes. Ses descriptions précises de paysages, d’étendues quasi désertiques que le soleil de nuit baigne de couleurs multiples, rendent attirantes ces régions.

Les Fusils est ainsi un livre étrange, qui éveille notre goût de l’aventure.