Chacun savait que pour les catholiques Jésus était le fils de Marie, pour les baptistes il était le sauveur, pour les juifs il n’était rien, et pour les méthodistes il était une déduction fiscale.
Tristan Egolf - Le seigneur des Porcheries
Chacun savait que pour les catholiques Jésus était le fils de Marie, pour les baptistes il était le sauveur, pour les juifs il n’était rien, et pour les méthodistes il était une déduction fiscale.
Tristan Egolf - Le seigneur des Porcheries
Doc connaissait la réponse probable: «Je l’aime», quoi d’autre? Assortie de la note de bas de page implicite, comme quoi le terme ces temps-ci était vachement galvaudé. Quiconque se voulait un minimum dans le vent «aimait» son prochain, sans parler des autres applications pleines d’intérêt, comme d’embringuer des gens dans des activités sexuelles auxquelles, s’ils avaient eu le choix, ils ne seraient peut-être pas souciés de participer.
De toutes les îles visitées, deux étaient prodigieuses. L’île du passé, a-t-il dit, où n’existait que le temps passé et dont les habitants s’ennuyaient et étaient raisonnablement heureux, mais où le poids de l’illusion est tel que l’île s’enfonçait chaque jour un peu plus dans le fleuve. Et l’île du futur, où le seul temps qui existait était le futur, et dont les habitants étaient rêveurs et agressifs, si agressifs, a dit Ulises, qu’ils finiraient probablement par se bouffer les uns les autres.
Roberto Bolanõ - Les Détectives Sauvages
Les romans d’Haruki Murakami sont pour moi une source de bien-être et de satisfaction. En avoir toujours un d’avance dans ma pile de livres à lire est une assurance contre les mauvais ouvrages, le mauvais temps et le mauvais sort. C’est un réconfort sur commande. La fin des temps a parfaitement rempli ce rôle de rayon de soleil pendant un mois de février bien pluvieux.
Les chapitres impairs de l’ouvrage racontent, à la façon d’un roman noir, les aventures d’un informaticien engagée pour crypter des données. Les chapitre pairs narrent quant à eux la découverte d’un village par un nouvel habitant. Ce village, sa forêt, ses collines et sa rivière, sont isolés du reste du monde par une muraille. Ils obéissent à des règles étranges. Par exemple ils accueillent des licornes pendant la journée, qui ressortent hors des murs pour la nuit. Le héros, qui n’a pas de nom, devient le liseur de rêves de cette communauté.
À la fin du livre il est révélé que les murailles encerclent le monde intérieur de l’informaticien. Ce dernier a la particularité d’avoir un univers intérieur stable et cohérent. De ce fait il est le seul survivant d’expériences sur le cerveau menées quelques années plutôt par l’entreprise qui l’emploie.
Le nouveau venu au village comprend qu’il est à l’origine de cette ville parfaite, où tous les habitants ont une fonction à remplir, où personne ne peut blesser personne, parce que tous ont perdu leurs ego et leurs coeurs. Dans les dernières pages du livre il découvre un moyen de partir et de retourner vers le monde d’où il vient.
Par amour, et parce qu’il se sent responsable de ce lieu, il décide de rester. Même en étant exclu et obligé d’aller vivre dans la forêt, il préfère rester à l’intérieur des murailles de son esprit. Avait-il vraiment le choix? L’informaticien voulait continuer à vivre. Son cerveau a été câblé pour que l’individu physique disparaisse au sein de sa conscience.
Aussi il est difficile de savoir si l’habitant du village a pu décider de rester - auquel cas l’informaticien aurait eu un choix inconscient opposé à son choix conscient - ou bien si la décision de rester a été imposée par la structure du cerveau hébergeant cet univers. Le seul choix issu de son libre arbitre semble être celui de garder son coeur, de redonner le sien à la femme qu’il aime et de s’exclure ainsi de la ville.
Par contrainte extérieure, ou par choix inconscient, le héros de Murakami va abandonner son corps et ses sensations physiques qui le relie au monde pour entrer dans un univers virtuel. Il vivra dans l’éternité de sa conscience, de ses rêves. C’est un destin de Pygmalion inversé, un Pygmalion disparaissant dans la création de son esprit, au lieu d’amener à la vie à cette création.
Curieux hasard combiné des sorties de livres en poche, de mes achats, et de mes choix de lectures.
Après avoir fini l’année 2009 en terminant le superbe La Zone du Dehors, j’ai passé tout le mois de janvier, du 1 au 31, à ne lire qu’un seul livre: Centrale Europe. Le hasard, donc, a donné à ces deux livres un thème commun: celui du totalitarisme.
La Zone du Dehors, d’Alain Damasio, décrit le totalitarisme doux d’un univers de science fiction, d’une société du contrôle généralisée, d’une démocratie molle où les libertés ont été abandonnées en échange de la sécurité. Cet univers n’est qu’un portrait à peine déformé de notre quotidien. Le roman s’attache à décrire le combat de quelques uns pour sortir de ce carcan, pour redonner au plus grand nombre l’envie d’imaginer une autre vie, puis de la vivre dans son entièreté.
Centrale Europe quant à lui n’est pas qu’un roman. C’est un ensemble de tableaux mettant en scène des personnages fictifs ou réels dans des situations historiques. Certains de ces épisodes sont indépendants de tout fil narratif. D’autres constituent des chapitres plus classique de romans. Tous ces récits dessinent une mosaïque représentant l’Europe, du moins la Centrale Europe ainsi que l’appelle l’auteur.
Dans ce livre la puissance du verbe de Vollman retranscrit la violence, l’horreur et l’absurdité des pires évènements du vingtième siècle européen: guerre, camps d’extermination, police secrète, goulag, etc.
Les dérives liberticides actuelles apparaissent alors dérisoires par rapport aux totalitarismes du passé. Surveillance généralisée, sur internet ou dans la rue, limites de la liberté d’expression, tout cela ne mènera pas forcément à un totalitarisme aussi dur que ceux du passé, difficile à dépasser. Mais cela ne doit être le prétexte pour abandonner la lutte.
Le bienfait du livre La Zone du Dehors est justement de donner de l’envie de se battre. Il décrit le devenir de nos démocraties où la technologie ne sert qu’au biocontrôle et à restreindre les libertés, où la société du loisir satisfait la classe moyenne pour qu’elle oublie ces contrôles, ces restrictions et le sort des laissés pour compte, où l’infantilisation de la population va jusqu’au renommer chaque individu selon sa position, son métier, ses capacités.
Cette société du contrôle apporte le confort au plus grand nombre et étouffe quelques uns. Étouffement physique, étouffement moral, étouffement psychique, ces quelques uns ont besoin de ce soulever contre ce confort. Leur combat est l’histoire du livre. La Zone du Dehors interroge ouvertement le bien fondé d’une telle révolte dans une société qui satisfait le plus grand nombre.
Aucune réponse simple n’est trouvée. Car en définitive c’est au lecteur de répondre. Ce qui pourra le convaincre, c’est le souffle épique, la rage, le désir sauvage d’émancipation, et la foi en la nature humaine du roman.
Voilà un livre qui donne envie de se cuisiner de spaghettis, de quitter son travail du jour au lendemain pour devenir homme au foyer, de s’isoler au fond d’un puits à sec pendant plusieurs jours en jeûnant, de faire des rêves érotiques, de s’asseoir sur un banc et de regarder les gens passer pour laisser venir à nous la solution à nos problèmes.
C’est aussi le premier livre d’Haruki Murakami que je lis sombre au point de faire peur, et d’angoisser. C’est même un roman difficile à lire dans l’obscurité, par exemple le soir dans son lit, sans ressentir le besoin de vérifier par dessus son épaule qu’il n’y a aucune présence indésirable, anormale, derrière soit.
On y reconnaît certains des thèmes habituels de Murakami: des femmes qui disparaissent; «la crise de la trentaine», avec des personnages qui se retrouvent dans une vie qu’ils n’ont pas choisie. Le thème du fil ténu qui sépare une réalité d’une autre réalitée, avec cette question qui accompagne le narrateur : « À quel moment les choses ont commencé à ne plus se dérouler comme elles sont supposer le faire, à quel moment suis-je passé de l’autre côté ? ».
Le thème de la fidélité, très présent, est plus original pour un roman de Murakami. Fidélité en amour et dans le mariage : le narrateur, quitté par sa femme, va tout faire pour la retrouver et la récupérer. Fidélité aux principes, à ce qu’on est, à ce qu’on est supposé faire. Cet attachement à des valeurs guide le héros que traversent des réflexions telles que « Combien de temps dois-je rechercher un chat disparu ? », « Ai-je le droit de quitter, de fuir, ma maison sans avoir résolu les problèmes qui y sont liés, dont je perçois à peine l’existence ? »
Mais ce qui distingue avant tout ce livre des autres livres du même auteur est le sentiment d’angoisse, jamais aussi fort, lorsque le thème du Mal est abordé. Dans l’histoire le mal, sentiment diffus d’un secret malsain, chose étrange qui poursuit le héros narrateur dans les rêves, est incarné principalement par Noboru Wataka, son beau frère.
Il se présente aussi concrètement dans des actes du passé, commis dans les années 30 et 40 par des japonais, des soldats russes sur le continent chinois et dans les mines du goulag.
Voilà donc un livre d’Haruki Murakami, toujours agréable à lire, mais plus noir, moins léger que les autres.
Achille est un petit crocodile qui décide, du jour au lendemain, de ne plus manger de bananes pour manger un enfant. Ses parents lui préparent alors un énorme gâteau, pour le faire changer d’avis.
À l’occasion d’un anniversaire familial, c’est le gâteau d’Achille qui m’a été demandé. Voici donc la recette.
Tout d’abord il faut préparer la génoise. Il est plus simple de la préparer la veille. Sa recette est la suivante.
Il faut couper la génoise en trois. Entre les deux couches basses j’ai choisi de mettre une crème au chocolat.
Entre les deux couches hautes, j’ai mis des poires au sirop, découpées en lamelles. Et encore un peu de mousse au chocolat, en en réservant assez pour le nappage.
J’ai donc nappé le gâteau de mousse au chocolat, mais aussi de crème pâtissière (après coup j’ai réalisé que j’avais confondu crème pâtissière et crème anglaise). Pour cette dernière j’ai suivi la recette de Super Toinette. Comme j’ai versé un peu trop de vanille, que j’utilise du sucre roux, et qu’enfin je l’ai légèrement trop cuite, la crème était plus marron clair que jaune. Cela ne l’a pas empêchée d’être très appréciée.
À la fin j’ai aussi ajouté quelques bonbons et de la crème chantilly pour décorer.
Voici le résultat final:
Certes le gâteau est moins impressionnant que celui d’Achille. Il a l’air avachi, et d’avoir eu un coup de chaud. Mais il était très bon. Sa durée de vie a été très courte pour un spécimen de sa taille.
(Le total des calories contenu dans le gâteau d’Achille est laissé en exercice au lecteur)
Un angle mort. Cette femme avait sûrement raison. Il y avait dans mon esprit, dans mon corps, dans mon existence même, un monde englouti, perdu quelque part. C’était peut-être ça qui faisait que ma vie s’écartait légèrement de ce qu’elle aurait dû être.
Ce n’est pas de facile de prendre en photo un pygargue à tête blanche en train d’attraper un poisson. Surtout avec un vieux appareil compact de cinq ans. Au final cela donne les deux images suivantes.
Mon premier excès de vacances a lieu au moment de choisir les livres que je vais emmener avec moi. Trois semaines en montagnes nécessitent un stock important et varié de lectures.
Cette année j’ai fait des progrès. Je n’ai pris aucune bande dessinée qui entrait à peine dans la malle, sans être ouverte ensuite. Je me suis contenté d’un stock de comics pour lire sur l’écran de mon ordinateur. Heureusement que leur encombrement était minime, car je n’en ai lu aucun.
Deux jours après mon arrivée j’avais terminé le livre commencé avant de partir. L’année dernière j’avais passé plus d’une semaine à finir Trois Fermiers s’en vont au Bal avant de commencer 2666. Cette année je suis rentré dans Mexico dès les premiers jours.
Au final sur les neufs livres emportés: