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Chaque année, au début de l’été, la même question se repose, toujours identique. Quel livre vais-je emporter avec moi pour les vacances? Ma pile de livres à lire, achetés les mois précédents, a beau être importante, je m’interdit d’y piocher dedans pour trouver mon compagnon de vacances.

Il existe des règles à respecter, pour choisir un livre de vacances:

  1. Découvrir un nouvel auteur, dont je n’ai rien lu avant;
  2. Cet auteur doit être un contemporain;
  3. Acheter le livre dans l’unique but de le lire pendant les vacances;
  4. Être sûr de la qualité du livre en prenant un livre plébiscité par mes journaux préférés;
  5. Profiter des vacances pour éviter les livres de poches.

Est-il utile de préciser que, comme pour toute règle, celles-ci n’existent que pour être cassées, brisées et foulées aux pieds?

Tout ça, c’était bien, parfois même mystérieux, parfois assez visiblement compliqué pour sembler intéressant et même passionnant, la substance dont la vie se nourrit en grande partie et que nous prenons comme acompte sur ce qui nous est dû éternellement. Mais le mieux ?

Inutile de chercher. Le mieux, c’est un concept sans référence dès qu’on est marié et qu’on en a fait un gâchis, peut-être même dès qu’on a goûté son premier banana split à cinq ans et découvert, après l’avoir terminé, qu’on en voudrait un autre. En d’autres termes, mieux vaut tirer un trait dessus. Le mieux, c’est fini.

Richard Ford - Indépendance

En d’autres termes, je m’efforce d’avoir toujours l’esprit occupé par une tâche définie et réalisable, afin de ne pas disparaître. Mais il est vrai qu’au moment de glisser dans le sommeil, quand partent à la dérive les soucis et les déboires, il m’arrive de me sentir moi-même flotter et de ne plus trop savoir où je suis ni où je vais. Pourtant, à la vieille injonction : «Fais ta vie», je peux répondre : «J’ai déjà une existence, merci.»

Richard Ford - Indépendance

Malheureusement, par ignorance et obstination, les Markham n’ont pas réussi à saisir la seule vérité gnostique de l’immobilier (une vérité impossible à révéler sans paraître malhonnête et cynique) : les gens ne trouvent ou n’achètent jamais la maison dont ils rêvaient. L’économie de marché, ai-je appris, ne se fonde même pas approximativement sur la satisfaction des exigences de qui que ce soit. Le principe consiste à vous montrer ce dont vous auriez cru ne vouloir à aucun prix, mais qui est disponible, si bien que vous cédez et commencer à trouver des moyens de vous réconcilier avec cette solution et avec vous-même. D’ailleurs, qu’y a-t-il de mal ? Pourquoi n’obtiendrez-vous que ce que vous croyez chercher, ou seriez-vous limité par ce que vous pouvez simplement escompter ? Ça ne se passe jamais ainsi dans la vie, et si vous n’êtes pas un imbécile vous déciderez que c’est mieux comme ça.

Richard Ford - Indépendance

Plus d’un an après son déroulement, je viens de découvrir, via un site américain, que s’est tenu à Paris une conférence internationale sur la Décroissance.

Je n’ai pas eu le courage de lire les actes de cette conférence (300 pages en anglais). En revanche la déclaration finale est intéressante:

Nous appelons à changer d’horizon et à passer de la poursuite générale et illimitée de la croissance économique au concept d’ajustement des économies nationales et mondiale.

1. Au niveau mondial, l’ajustement signifie une réduction de l’empreinte écologique totale (l’empreinte carbone incluse) jusqu’à un niveau soutenable.

2. Dans les pays où l’empreinte écologique par personne est supérieure au niveau mondial soutenable, l’ajustement signifie une réduction vers le niveau soutenable en un temps raisonnable.

3. Dans les pays où existe une grande pauvreté, l’ajustement implique une augmentation aussi rapide que possible de la consommation pour les plus pauvres, de manière soutenable, jusqu’à l’obtention d’un niveau de vie décent, selon des approches de réduction de la pauvreté déterminées localement plutôt que par des politiques imposées de l’extérieur.

4. Dans certains cas cela nécessitera une augmentation de l’activité économique, mais la redistribution de revenus et de richesse de manière intra- et inter-nationale formera l’essentiel du processus.

Suivi de la définition de la décroissance:

Le processus par lequel on peut obtenir l’ajustement dans les pays les plus riches et globalement dans l’économie mondiale s’appelle la «décroissance».

Voilà qui répond aux critiques trop rapides de la «Décroissance» pour qui ce mouvement va l’encontre du développement des pays les plus pauvres. Au contraire, «La Décroissance» ainsi définie a pour objectif l’amélioration des conditions de vie dans ces pays.

Il reste selon moi deux obstacles à ce que l’idée de «Décroissance» se propage et s’impose comme une nécessité, à l’instar de l’écologie :

  1. l’égoïsme, l’absence de vision de la plupart des hommes politiques des pays riches, et de quelques uns de leurs électeurs, certainement pas prêts à abandonner leurs voitures et leurs écrans plats;
  2. ce terme de «décroissance», qui continue en lui même à se définir négativement.

Pour faire les amitiés sincères et durables entre femme, il faut qu’elles aient été cimentées par de petits crimes. Quand deux amies peuvent se tuer réciproquement, et se voient un poignard empoisonné dans la main, elles offrent le spectacle touchant d’une harmonie qui ne se trouble qu’au moment où l’une d’elles a, par mégarde, lâché son arme.

Balzac, Les Secrets de la princesse de Cadignan

Original

Car aussi surprenant que cela puisse paraître, la justice, qui peut placer des caméras et des micros partout, n'avait aucun droit d'accès aux ordinateurs, sanctuarisés par un vide juridique. Certes, elle pouvait exiger des informations auprès des fournisseurs d'accès à Internet. Mais le résultat était parfois aléatoire. Surtout, elle ne pouvait pas capter les conversations des trafiquants qui communiquent désormais via leur ordinateur grâce au protocole du logiciel Skype, entièrement crypté.

(Source)

Variation Première

Car aussi surprenant que cela puisse paraître, la justice, qui peut placer des caméras et des micros partout, n'avait aucun droit d'accès aux dessous de couette, sanctuarisées par un vide juridique. Certes, elle pouvait exiger des informations auprès des voisins. Mais le résultat était parfois aléatoire. Surtout, elle ne pouvait pas capter les conversations qui se chuchotaient à voix basse sous les draps.

Variation Seconde

Car aussi surprenant que cela puisse paraître, la justice, qui peut placer des caméras et des micros partout, n'avait aucun droit d'accès aux cerveaux, sanctuarisés par un vide juridique. Certes, elle pouvait exiger des informations auprès de leurs propriétaires. Mais le résultat était parfois aléatoire. Surtout, elle ne pouvait pas capter les conversations intérieures des individus entièrement silencieuses.

Cantonnée au mode de vie conçu comme style de vie, la non-conformité n’a donc plus de raisons de s’en prendre aux normes et aux codes officiels puisque leur « transgression » individuelle, institutionnalisée, subventionnée et mercantilisée, participe maintenant du renouvellement de la domination capitaliste.

La suite, ou plutôt le commencement, se trouve dans un article de numéro de janvier 2009 du Monde Diplomatique.

Un Week end dans le Michigan est un roman de Richard Ford, raconté à la première personne par Franck Bascombe, le protagoniste principal.

Le personnage de Franck, anti héros de banlieu, est à la recherche perpétuelle de motifs de satisfaction, à l’affût des petits plaisirs et des petits mystères. Sa maison dans le New Jersey, son travail de journaliste sportif, sa liaison avec une jeune infirmière, un week-end de Pâques dans le Michigan, tout est source de bien être et de statut-co, prétexte à ne pas en désirer plus.

Sans attente, en dehors de nouvelles amitiés viriles et superficielles, sa vie semble arrêtée. Son égoïsme et son refus de partager la douleur des autres finiront par blesser ses proches, et isoleront Franck encore plus, y compris du lecteur dont la sympathie ne lui sera plus acquise à un certain point du livre.

Ce roman est une description minutieuse et précise du mode vie des classes moyennes américaines des années 80, aux valeurs simples et conservatrices, apolitiques dans un pays gouverné par Reagan. Baigné dans une ambiance de nostalgie de l’instant présent, sans tristesse, il entraîne le lecteur dans le quotidien des banlieues résidentielles à la recherche du sel de l’existence, selon Franck Bascombe : le mystère.

Finalement Monsieur le Député Maire de Chaville n’a pas ré-édité son acte de bravoure contre un gouvernement de sa majorité. Alors qu’il s’était opposé en 2006 contre la loi Dadvsi, parce qu’elle mettait des «obstacles juridiques excessifs au téléchargement» et qu’elle allait à «à l’encontre de l’évolution de la société», la loi dite Hadopi, qui n’autorise que la surveillance des communications et la coupure à internet sans décision judiciaire, s’est trouvée, elle, digne de son vote.

Par cette décision M Jean-Jacques Guillet est rentré rentré dans le rang. Lors du vote sur la loi Dadvsi il faisait partie des 78 députés de l’UMP, sur un total de 364, à faire preuve d’indépendance, en ne votant pas pour le texte: soit en ne participant pas au vote, soit en s’abstenant ou en votant contre. Ainsi il appartenait aux quelques 21% des députés ayant exprimé leur désaccord d’une façon ou d’une autre.

Lors du vote d’aujourd’hui, ils ne sont plus que 33 députés sur 317 de la majorité, soit 10,41%, à ne pas avoir suivi l’ordre venu d’en haut de voter la loi. M Jean-Jacques Guillet n’en fait plus partie. Autrement dit il s’est sagement rangé avec le reste des troupes UMP.

D’après son assistante parlementaire jointe au téléphone le mardi 12 mai au matin, M Jean-Jacques Guillet a considéré que les amendements modifiant la loi était de nature suffisante à apporter son soutien au texte.