Pour avoir un aperçu de l'histoire racontée par ce roman d'anticipation, le
mieux est encore de citer la description qu'en donne la narratrice dans son
introduction:
de l’enfant mort, de la femme étranglée, de l’homme assassiné et de la veuve
inconsolable, des cadavres en morceaux, divers poisons, d’horribles trafics
humains, une épidémie sanglante, des spectres et des sorcières, plus une quête
sans espoir, une putain, deux guerriers magnifiques dont un démon nymphomane et
une, non, deux belles amitiés brisées par un sort funeste, comme si le sort
pouvait être autre chose.
Le roman est constitué d'une longue lettre en forme de confession dans
laquelle l'héroïne avoue à un amoureux lointain qui souhaite la rencontrer que,
d'une part, elle est bien plus vieille que ce qu'elle prétend, et que, d'autre
part, contrairement à lui elle ne doit pas sa longévité à des moyens
scientifiques classiques d'échanges d'organes usagés contre des organes
clonés.
À partir de son histoire personnelle, nous découvrons celle d'un futur pas
si éloigné du notre. Dans ce monde, tous les fléaux en germe en ce début de
vingt et unième siècle se sont abattus sur l'humanité: épidémie, atmosphère
irrespirable, disparition de la flore et de la faune naturelles, ségrégation
entre les différentes couches sociales, terrorisme raciste, manipulation
génétique, etc. Bref, c'est du noir, un monde sombre, jamais décrit
explicitement, mais qui se détache toujours en arrière plan, en
quelques phrases, comme allant de soit.
L'intérêt, la curiosité, que l'on peut trouver amusante ou pas, de ce roman
est justement dans la familiarité de ce futur, qui nous est si proche, tout en
étant si noir.
En cadeau la couverture de la première édition, celle du livre du poche
étant à mon goût trop éloignée de l'atmosphère du livre.