Choisir d’être certain ou choisir d’être en vie
Étaient-ils faits l’un pour l’autre ? Étaient-ils même compatibles ? Elle n’en savait rien. Là, tout de suite, elle n’était sûre de rien. Elle n’était pas sûre qu’elle saurait un jour aimer Jack d'un amour aussi splendide et aussi inconditionnel que celui dont il avait besoin. Elle comprenait qu’il y avait là-haut, dans les hauteurs, un endroit fantastique où l’amour de son mari l’attendait et elle ne savait pas si elle pourrait un jour l’y rejoindre, si son coeur en était capable. Mais ce qu’elle savait, c’est qu’elle l’aimait maintenant. Et qu’elle l’aimerait sans doute aussi demain. Et peut-être que cela suffisait, finalement. Peut-être qu’elle n’avait pas besoin de certitudes. Peut-être qu’un coeur humain était simplement compliqué et que tout amour était profondément précaire, que l’avenir resterait irrésolu et que c’était très bien comme ça. Peut-être que c’était ça, le véritable amour : accueillir le chaos comme il vient. Et peut-être que les seules histoires dont la conclusion était certaine et claire étaient les mensonges, les fables et les conspirations. Peut-être que le docteur Sanborne avait raison : La certitude n’était qu’une histoire que l’espri fabriquait pour se défendre contre la douleur de vivre. Ce qui impliquait, presque par définition, que cette même certitude était une fagon d’éviter de vivre. On pouvait choisir d’être certain, ou on pouvait choisir d’être en vie.
Et elle n’était certaine que d’une chose : entre nous et le monde, il y avait un million d’histoires, et si l’on ne savait pas lesquelles étaient vraies, alors autant essayer les plus humaines, les plus généreuses, les plus belles, les plus chargées d’amour.
Jack était-il son âme sœur ?
Bien sûr, se dit-elle. Pourquoi pas ?
Nathan Hill - Bien être