Into the wild
Qu’est-ce qui pousse un jeune homme, à l’avenir prometteur, à prendre la route, à couper les liens avec sa famille, à choisir une vie simple et frugale, abandonnant sa voiture, et tout son argent, plusieurs fois, à vouloir vivre au plus près de la nature au point de s’isoler quatre mois en Alaska, et d’y trouver la mort? Telles sont quelques unes des questions auxquelles tente de répondre le livre de Krakauer.
Bien que datant de 1992, ce drame est à la fois étonnamment moderne, et universel. Les aspirations de Christopher McCandless, son rejet de la société de la consommation, qu’il juge absurde et dangereuse pour l’humanité, semblent sorties d’un manifeste de la Décroissance. Mais leurs fondements, ses inspirations, sont un peu différents et plus anciens.
Alex était un lecteur assidu de Tolstoï, Thoreau, et Jack London. Leurs écrits ont eu une influence majeure sur sa perception du monde. Le voyage d’Alex n’est finalement qu’une tentative de vivre en accord avec les principes forgés par ses lectures. Lui même a marqué beaucoup des personnes qu’il a croisé, comme Ronald Franz cet homme de 80 ans qu’il a convaincu de quitter son appartement. Son chemin a aussi croisé celui de plusieurs communautés, de vagabonds et de personnage vivant en marge. Ce livre est ainsi l’occasion de croiser une autre Amérique: celle des communautés hippis, ou ce qu’il en reste trente ans après leur début, celle de la route, des auto-stoppeurs, des hobos.
La personnalité de Christopher McCandless est marquante. Elle recèle un désir d’absolu, de pureté typiquement adolescent. Il est rare de voir ces désirs mis en oeuvre avec autant de force et de conviction. Si on accepte l’interprétation de Jon Krakauer, le jeune homme a été au bout de son expérience d’isolement dans la nature pour conclure que «le bonheur n’est vrai que s’il est partagé.» Ce changement de philosophie est une leçon de vie.