Les Fusils
Les Fusils, de William T. Vollmann, est décrit par son auteur comme un rêve. C’est effectivement le meilleur moyen de l’aborder.
Il faut être prêt à entrer dans un rêve, avec ses incohérences, ses mélanges de personnages et d’époques qui se rencontrent et qui se croisent sans logique immédiate. S’il accepte cette structure décousue du roman, le lecteur pourra alors se laisser emporter pour un voyage dans le Grand Nord, dans le grand froid.
Vollmann reconstitue la dernière expédition de Sir John Franklin, partie à la recherche d’un passage pour rejoindre l’océan pacifique de l’Angleterre en passant au dessus du cercle polaire. Cette aventure finira par la disparition de tous ses participants, certainement morts de faim, de froid, et atteints de saturnisme. Dans ce roman, dans ce rêve donc, le personnage de John Franklin est identifié à Capitaine Subzéro, autre personnage, voyageur du vingtième siècle s’aventurant chez les inuits. Les deux partagent la même amante, Reepah, «une femme au coeur magnifique».
Le froid, la faim, la famine, la chasse, le cannibalisme, la survie à -30 degré (une température chaude), ce livre nous emmène dans des territoires inconnus, et extrêmes. Ses descriptions précises de paysages, d’étendues quasi désertiques que le soleil de nuit baigne de couleurs multiples, rendent attirantes ces régions.
Les Fusils est ainsi un livre étrange, qui éveille notre goût de l’aventure.