Voici ce que j’ai retenu de tout ce que j’ai pu lire, voir ou entendre la semaine du 18 mars
Il avait beau défendre la démocratie, Winston Churchill a tout fait pour empêcher le tournage, puis la diffusion d’un film. La scène qui fait râger Churchill est celle où le personnage principal du film, un colonel anglais, déclare «préférer perdre une guerre plutôt que la gagner par des moyens déshonorables» alors que lui même fait bombarder des civils pour s’attaquer à l’industrie allemande.
À lire chez Slate.
Un peu perspective historique permet de garder espoir. Un entretien avec l’anthropologue Catherine Hass chez Mediapart offre ce type de regard.
Extrait:
La fin de l’apartheid en constitue un si l’on se souvient que rien ne semblait pouvoir mettre un terme à cet ordre biologico-racial. J’ai cherché dans les mémoires de Mandela ce moment où un émissaire du président Botha vient le rencontrer pour la première fois en prison, ce moment où le pouvoir blanc, par ce geste à la fois fort et infime, manifeste le début d’une conscience de l’impasse.
Nous sommes en janvier 1985. Mandela pense que le gouvernement craint que le pays ne bascule dans la guerre civile et ce, dans un contexte d’économie très affaiblie par l’embargo international. J’invite quiconque à lire ce chapitre intitulé « Parler avec l’ennemi » sur, par exemple, les principes d’une lutte armée, tout en rappelant que Botha était un idéologue afrikaner, ancien partisan du parti nazi et adulateur d’Hitler, regrettant à la fin de sa vie que l’on en dise tant de mal.
Or, c’est bien avec lui que Mandela commence à parler, sans rien lâcher jusqu’à sa libération en 1990 : « L’Afrique du Sud appartient à tous ceux qui y vivent, aux Blancs comme aux Noirs. » De même que l’Afrique du Sud, la situation en Israël-Palestine est celle où aucune population n’a de pays de rechange : deux peuples pour un seul pays. Par conséquent, chacun le sait, seule une reformulation de la question nationale permettrait de sortir d’une logique de guerre.
Le processus sud-africain n’a pas eu de réelle postérité politique. En cause, peut-être, le choix d’une transition et non d’une lutte de libération dont la finalité aurait été le départ des Africains blancs ; le refus de mettre en œuvre une justice de vainqueurs malgré la victoire implacable ; un processus intranational et non international. Ce processus nécessairement imparfait évita sans doute à l’Afrique du Sud la guerre civile que tous lui promettaient.
Comment les millionaires de la Silicon Valley se retrouver à embrasser les idées d’extrême-droite? C’est encore à lire chez Mediapart.
Extrait:
Le blogueur John Ganz parle de « retour du modernisme réactionnaire », évoquant le livre de l’historien Jeffrey Herf, Le Modernisme réactionnaire : haine de la raison et culte de la technologie aux sources du nazisme, publié en 1984, qui décrit le modernisme réactionnaire des nazis non pas comme le rejet de la modernité mais comme la recherche d’une modernité « alternative », technologique et industrielle, mais sans libéralisme ni démocratie : un récit où la technologie est au service d’une société hiérarchique et d’un pouvoir autoritaire. On pourrait même parler d’inversion dans le cas de la droite tech, qui met hiérarchie et autoritarisme au service de la technologie.
Comme à d’autres moments de l’histoire américaine, où l’idée d’une hiérarchie raciale servait à justifier la ségrégation et les lois des quotas, les théories sur le QI permettent de rationaliser l’inégalité capitaliste : si certains individus ou groupes sont destinés à être au bas de l’échelle en raison d’un QI inférieur, il n’y a pas de problème d’accumulation obscène des richesses par quelques autres.
Au Kenya, des femmes se regroupent dans des villages non-mixtes. À lire chez Usbek & Rica.
Extrait
Le modèle de vie sans les hommes pratiqué dans les villages de femmes samburu ne correspond pas au schéma du matriarcat traditionnel, celui étudié notamment par la philosophe allemande Heide Göttner-Abendroth. On peut parler, plutôt, d’un matriarcat « réactionnel », d’un matriarcat d’autoprotection, du dernier recours. Mais comme dans les sociétés matrilinéaires les plus anciennes, les femmes y transmettent des notions cruciales à leurs filles : la paix et l’indépendance financière.
Un film assez dur qui raconte deux histoires: la première, survolée, d’une dénonciation par une syndicaliste du bradage des compétences techniques d’EDF à l’industrie chinoise. La seconde est celle d’une faute judiciaire qui démontre encore une fois le retard de la justice française dans le traitement judiciaire des violences sexuelles faites aux femmes.