[…] les mères nous tirent à elles autant qu’elles peuvent, on croit leur ressembler, on pense avoir leur perfection leur art leur beauté leur bonté et on s’aperçoit que c’est un mensonge, qu’on est un homme, un portrait du père silencieux, un décalque, une statue animée, alors on ignore vers où on est envoyé, vers où on s’en va, sur des traces invisibles, pourquoi on s’éloigne aussi sûrement de la mère et de la soeur, un aimant nous tire vers un monde abominable de cris dans la nuit,[…]
Mathias Enard - Zone