(attention, ce qui suit dévoile la fin du roman)

L'histoire, racontée à la première personne par son personnage principal, est celle de Charlie Gordon, un handicapé mental qui se fait opéré pour devenir intelligent. "Un teligent" comme il l'écrit dans les premières pages du livre, alors qu'il n'a pas encore pu apprendre l'orthographe. Ce qui rend la lecture de ces premières pages un peu pénible. L'opération sera un grand succès, mais les effets auront une durée limitée.

La description de la vie d'un handicapé semble très réaliste, notamment la cruauté qu'il subit, tant lorsqu'il est enfant que lorsqu'il est adulte. L'histoire se déroulant dans les années 60, le politiquement correct n'existe pas encore, et les moqueries à l'encontre du héros, quand il est encore handicapé, s'expriment ouvertement. Les scènes de vie familiales sont dures elles aussi, et décrivent une mère, obsédée par les apparence, qui ne peut admettre la situation de son fils, puis qui voudra le cacher.

La difficulté de décrire Charlie Gordon avec plusieurs états d'intelligence et de conscience est résolu par l'écrivain en rendant son personnage schizophrène. Même au sommet de son intelligence, l'ancien Charlie est présent dans l'inconscient du nouveau Charlie, devenu un génie. À la fin du roman l'ancien a seulement repris sa place.

L'auteur a une vision positiviste et mécanique du cerveau mis en équation, et la psychologie travaille main dans la main avec la médecine et la chirurgie neuronale. Ce côté science fiction "naïve" est loin d'être désagréable, mais rappelle seulement l'âge du livre, sorti en 1966, lui même une re-écriture par son auteur d'une nouvelle de 1959.

Cela n'empêche pas le roman d'être très bien pensé, très bien écrit et touchant. La chute du héros se passe en quelques pages, soulageant ainsi la tristesse que ne peut manquer de ressentir le lecteur en voyant revenir l'ancien Charlie Gordon reprendre sa place et oublier son autre moi.