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Un petit condensé de notes de 3 semaines. Trois semaines occupé par un séjour à Paris et une grosse angine, donc une petite sélection d’articles

Photo de flacons contenant des petites billes de couleurs, disposés sur une étagère.

La liberté de la presse en France

Tout va bien, on balance les journalistes au sol, rien de nouveau. Un article de France 3.

L’absence d’élégance du garde des sceaux

Le site du projet arcadie est une mine d’or pour qui souhaite observer et comprendre l’assemblée nationale et le sénat. Cette semaine, un petit article pour décrire le comportement du garde des sceaux.

Tout le monde aura bien intégré qu’Éric Dupond-Moretti était incapable de faire preuve d’élégance parlementaire, lui qui s’était déjà distingué l’année dernière par un bras d’honneur. Cette fois-ci, il n’était pas physique, mais le message était le même.

Aube ou crépuscule

Ploum, au sujet de la bulle AI.

Beaucoup pensent que ChatGPT est l’aube d’une révolution, d’un nouveau paradigme. Je pense, au contraire, qu’il représente la fin, l’aboutissement technologique à la fois des techniques algorithmiques, mais également de la parallélisation et de la mise en réseau globale des connaissances humaines.

D’où vient le conspirationnisme

Un article de Cory Doctorow qui donne un peu de recul sur le conspirationnisme.

Maybe people believe in conspiracy theories because they have hundreds of life-or-death decisions to make every day, and the institutions that are supposed to make that possible keep proving that they can't be trusted.

It's true that tech makes finding these conspiracy fantasies easier than ever, and it's true that tech makes forming communities of conspiratorial belief easier, too. But the vulnerability to conspiratorialism that algorithms identify and target people based on isn't a function of Big Data. It's a function of corruption – of life in a world in which real conspiracies (to steal your wages, or let rich people escape the consequences of their crimes, or sacrifice your safety to protect large firms' profits) are everywhere.

But by blaming the problem of conspiratorialism on the credulity of believers (rather than the deserved disrepute of the institutions they have lost faith in) we adopt the logic of the right: "conspiratorialism is a problem of individuals believing wrong things," rather than "a system that makes wrong explanations credible – and a schismogenic insistence that these institutions are sound and trustworthy."

À voir

Au musée du jeu de Paume, une exposition de Bertille Bak. La photo en ouverture de cet article y a été prise.

Voici ce que j’ai retenu de tout ce que j’ai pu lire, voir ou entendre la semaine du 18 mars

Photo purement décorative d’une façade d’église avec une rosace

L’histoire du film que Churchill a voulu interdire

Il avait beau défendre la démocratie, Winston Churchill a tout fait pour empêcher le tournage, puis la diffusion d’un film. La scène qui fait râger Churchill est celle où le personnage principal du film, un colonel anglais, déclare «préférer perdre une guerre plutôt que la gagner par des moyens déshonorables» alors que lui même fait bombarder des civils pour s’attaquer à l’industrie allemande.

À lire chez Slate.

Entretien avec Catherine Haas

Un peu perspective historique permet de garder espoir. Un entretien avec l’anthropologue Catherine Hass chez Mediapart offre ce type de regard.

Extrait:

La fin de l’apartheid en constitue un si l’on se souvient que rien ne semblait pouvoir mettre un terme à cet ordre biologico-racial. J’ai cherché dans les mémoires de Mandela ce moment où un émissaire du président Botha vient le rencontrer pour la première fois en prison, ce moment où le pouvoir blanc, par ce geste à la fois fort et infime, manifeste le début d’une conscience de l’impasse.

Nous sommes en janvier 1985. Mandela pense que le gouvernement craint que le pays ne bascule dans la guerre civile et ce, dans un contexte d’économie très affaiblie par l’embargo international. J’invite quiconque à lire ce chapitre intitulé « Parler avec l’ennemi » sur, par exemple, les principes d’une lutte armée, tout en rappelant que Botha était un idéologue afrikaner, ancien partisan du parti nazi et adulateur d’Hitler, regrettant à la fin de sa vie que l’on en dise tant de mal.

Or, c’est bien avec lui que Mandela commence à parler, sans rien lâcher jusqu’à sa libération en 1990 : « L’Afrique du Sud appartient à tous ceux qui y vivent, aux Blancs comme aux Noirs. » De même que l’Afrique du Sud, la situation en Israël-Palestine est celle où aucune population n’a de pays de rechange : deux peuples pour un seul pays. Par conséquent, chacun le sait, seule une reformulation de la question nationale permettrait de sortir d’une logique de guerre.

Le processus sud-africain n’a pas eu de réelle postérité politique. En cause, peut-être, le choix d’une transition et non d’une lutte de libération dont la finalité aurait été le départ des Africains blancs ; le refus de mettre en œuvre une justice de vainqueurs malgré la victoire implacable ; un processus intranational et non international. Ce processus nécessairement imparfait évita sans doute à l’Afrique du Sud la guerre civile que tous lui promettaient.

La Silicon Valley radicalisée

Comment les millionaires de la Silicon Valley se retrouver à embrasser les idées d’extrême-droite? C’est encore à lire chez Mediapart.

Extrait:

Le blogueur John Ganz parle de « retour du modernisme réactionnaire », évoquant le livre de l’historien Jeffrey Herf, Le Modernisme réactionnaire : haine de la raison et culte de la technologie aux sources du nazisme, publié en 1984, qui décrit le modernisme réactionnaire des nazis non pas comme le rejet de la modernité mais comme la recherche d’une modernité « alternative », technologique et industrielle, mais sans libéralisme ni démocratie : un récit où la technologie est au service d’une société hiérarchique et d’un pouvoir autoritaire. On pourrait même parler d’inversion dans le cas de la droite tech, qui met hiérarchie et autoritarisme au service de la technologie.

Comme à d’autres moments de l’histoire américaine, où l’idée d’une hiérarchie raciale servait à justifier la ségrégation et les lois des quotas, les théories sur le QI permettent de rationaliser l’inégalité capitaliste : si certains individus ou groupes sont destinés à être au bas de l’échelle en raison d’un QI inférieur, il n’y a pas de problème d’accumulation obscène des richesses par quelques autres.

Des villages de Femmes

Au Kenya, des femmes se regroupent dans des villages non-mixtes. À lire chez Usbek & Rica.

Extrait

Le modèle de vie sans les hommes pratiqué dans les villages de femmes samburu ne correspond pas au schéma du matriarcat traditionnel, celui étudié notamment par la philosophe allemande Heide Göttner-Abendroth. On peut parler, plutôt, d’un matriarcat « réactionnel », d’un matriarcat d’autoprotection, du dernier recours. Mais comme dans les sociétés matrilinéaires les plus anciennes, les femmes y transmettent des notions cruciales à leurs filles : la paix et l’indépendance financière.

La syndicaliste

Un film assez dur qui raconte deux histoires: la première, survolée, d’une dénonciation par une syndicaliste du bradage des compétences techniques d’EDF à l’industrie chinoise. La seconde est celle d’une faute judiciaire qui démontre encore une fois le retard de la justice française dans le traitement judiciaire des violences sexuelles faites aux femmes.

Voici ce que j’ai retenu de tout ce que j’ai pu lire, voir ou entendre la semaine du 11 mars.

La Sirène repue, une peinture, de Gustave-Adolphe Mossa

Quelques fondamentaux

À l’occasion de la passation de pouvoir à la tête du journal Mediapart entre Edwy Pennel qui s’en va et Carine Fouteau qui arrive, celle-ci rappelle quelques fondamentaux du journal:

  • Les faits contre les fausses nouvelles
  • Le sens contre la confusion
  • L’engagement contre les dominations
  • Le journalisme d’impact contre la résignation
  • L’accessibilité contre l’entre-soi
  • Les liens contre l’isolement

Au delà d’un journal, la plupart de ces principes devraient guider n’importe quelle organisation ou groupe de personnes.

Rappel: «Une partie des classes dominantes soutient l’extrême droite»

Encore un rappel utile:

Une partie des classes dominantes soutient ouvertement l’extrême droite, subventionnée par de grands patrons, d’Elon Musk à Vincent Bolloré, qui créent des ponts avec la droite traditionnelle.

Mort suspecte.

Cette semaine on a appris la mort d’un lanceur d’alerte, quelques jours après son témoignage dans un procès contre Boeing, l’entreprise qui l’employait pendant trente ans. Comme dans une médiocre série policier la police évoque la thèse du suicide. Puis plus tard ses proches confirment qu’il avait annoncé que si quelques chose lui arrivait, ce ne serait pas un suicide.

L’ingérence Russe au parlement européen

Un article décrit les cas les plus visibles et connus d’ingérence russes au parlements russes. On cite le FN, mais aussi des députés russes des pays balte (Lettonie, Estonie). Pour les repérer, ces députés se déclarent défenseurs de la «paix» (soit un statu quo en Crimée et en Ukraine), ils vont souvent à Moscou ou participent à des colloques «Famille nombreuse et futur de l'humanité».

Garder la beauté et jeter tout le reste

C’est le titre d’un article qui démasque la réaction dans les écrits de Sylvain Tesson, et propose une autre manière de défendre la beauté et le sensible. Il est conseillé de lire de préférence Corinne Morel Darleux.

Extraits:

défense de la beauté ne rime pas nécessairement avec nostalgie réactionnaire. Un certain romantisme esthétique peut aller de pair avec la remise en cause de l’ordre établi, et un discours écologiste politisé. […] Tesson nous offre peut-être une bouée de sauvetage dans un monde toujours plus laid, jetable, bétonisé. Mais avec une bouée de ce type, d’aucuns préféreront sûrement s’administrer le conseil de Morel Darleux : plutôt couler en beauté que flotter sans grâce.

Voici ce que j’ai retenu de tout ce que j’ai pu lire, voir ou entendre la semaine du 4 mars.

Peinture d’Eduardo Arroyo title:Peintude d’Eduardo Arroyo

Infiltration chez wikipedia France

Un fil mastodon analyse comment quelques contributeurs d’extrême-droite ont infiltré et détourné la version francophone du projet Wikipedia pour forcer l’affichage des deadnames des personnes transexuelles. Ce qui est transophobe et en contradiction avec les principes de la fondation wikipedia.

Extraits:

des techniques très reconnaissables de l'extrême-droite pour abuser les contributeurs naïfs, ont réussi à lancer une bordée de consultations, présider les débats, se faire la police des arguments, imposer de lourdes sanctions à leurs opposants, compter les votes, et entériner leur propre victoire auto-proclamée.

[…]

un travail de sape patient et cohérent de la part de l'extrême-droite, de façon à infiltrer les projets et les détourner. Ils utilisent des techniques métapolitiques sophistiquées pour préparer les termes du débat en avance

L’IVG dans la constitution: une victoire au milieu d’un massacre

Est-ce que «la liberté d’avorter», inscrite maintenant dans la constitution, est plus faible que «le droit à l’IVG»? François Malaussena ne le pense pas. Elisa Rojas pense le contraire. Mais elle rappelle surtout que la situation générale des précaires et des malades en France est devenue totalement insupportable, et que leur vie est en danger, en particulier à cause du projet de suppression de la prise en charge par la sécurité sociale des Affections Longues Durées (ALD).

Dans ce contexte, célébrer un tel symbole, en plus de faire le jeu du pouvoir, a quelques chose de malsain.

S’échapper des prédateurs un exemple

Belle démonstration de Catherine Ringer qui s’échappe avec grâce d’un prédateur essayant de l’attirer à lui.

Un adieu

Ce vendredi 8 mars le monde entier a appris la mort d’Akira Toriyama, arrivée une semaine avant. Bien que Dragon Ball ne soit pas mon manga préféré, ses personnages m’ont accompagné pendant 35 ans. J’ai vécu en temps réel la transformation d’un dessin animé parmi tant devenir une publication en kiosque, puis quelques années plus tard un phénomène culturel planétaire.

Voici ce que j’ai retenu de tout ce que j’ai pu lire, voir ou entendre la semaine du 27 février

Photo d’une cage vide aux bareaux multicolors

Où l’on parle de la civise

La Civise est (était) une commission indépendante créée par le gouvernement pour recueillir la parole des victimes d’inceste de viol. Ce texte de Manif-Est décrit comment cette commission a réalisé un travail réellement important et novateur, mais ignoré par le gouvernement, avant d’être carrément mise au pas. Au final le titre de l’article «Comment le pouvoir politique supporte la culture du viol et de l’inceste» prend tout son sens.

L’élection présidentielle américaine

La tristesse de voir Donald Trump passer devant sa rivale Nikki Haley aux primaires républicaines. Il est maintenant quasiment sûr d’être investi.

Une possibilité, un espoir, vient des républicains prêts à voter Biden, parce qu’ils ont bien conscience que «c’est la démocratie qui est en jeu». À lire dans un article (pour abonnés) de Mediapart.

L’Uniformisation via l’industrialisation

En France on a vu ce que le commerce à grande échelle à fait aux tomates: une uniformisation et une perte de saveur. Et bien c’est la même chose aux États-Unis avec les piments jalapeño.

Quelques rappels essentiels sur le Covid

Une synthèse au sujet du covid et du port du masque. Faire comme avant, ne pas porter de masque, ne pas se vacciner, cela revient à mettre en danger les personnes les plus fragiles. Cela revient, concrètement, à pratiquer l’eugénisme.

La guerre en Ukraine

Une vidéo de Mediapart avec l’historien Michel Goya pour qui l’Ukraine a besoin d’économiser ses forces: maintenir le front et se reformer à l’arrière en même temps. Et peut-être mobiliser de nouvelles forces (l’armée ukrainienne n’emploie pas les moins de 25 ans, là où la moyenne d’âge dans l’armée israélienne est de 21 ans)

Parallèle entre les violences

Un article du site Bon pote fait un parallèle entre les violences faites à la terre et celles faites aux femmes. Cela me semble juste. En particulier le «réflexe de rejet quasi-pavlovien» qui touchent certains personnes lorsqu’on aborde l’un ou l’autre sujet avec elles.

The Hours

J’ai vu le film the Hours. Ce qui m’a donné envie de relire du Virginia Wolf, et de re-écouter du Philip Glas.

Voici ce que j’ai retenu de tout ce que j’ai pu lire, voir ou entendre la semaine du 19 février

PJ Harvey en concert à l’Olympia en octobre 2023

Le plagiat au bout du chemin

Un article en anglais du magazine Arstechnica explique pourquoi OpenAI devrait se méfier du procès intenté contre elle par le New York Time.

Le texte met en perspective ce nouveau procès avec d’autres au sujet du copyright. Le principal danger vient de ce que les productions des outils d’OpenAI (et des IA génératives en général) sont parfois des plagiats directs des œuvres dont les outils ont été nourri.

C’est d’ailleurs ce qui distingue (pour le moment) ces outils et des humains: c’est très rares qu’un humain plagie totalement une œuvre sans en avoir conscience.

La corruption au plus haut niveau

La Cour suprême des États-Unis est la plus haute juridiction étasunienne. John Oliver revient dans son dernier show (en anglais, sur youtube) sur le scandale qui touche le doyen des juges, Clarence_Thomas.

Celui-ci a reçu, sans les déclarer, des cadeaux d’une valeur de plusieurs millions de dollars de la part d’amis milliardaires. John Oliver décrit cela sous la forme humoristique, et c’est parfois la seule façon d’aborder les choses.

La Honte

À l’entreprise Orange pour ne pas avoir respecté la licence libre et copyleft GNU GPL v2. La bonne nouvelle c’est que l’entreprise est condamnée. La mauvaise s’est qu’il a fallu dix ans pour que soit reconnue l’infraction. À lire chez Zdnet.

Être hypnotisé

Vieillir, c’est aussi laisser de côté certains artistes, et les retrouver des années plus tard. Depuis que j’ai vu qu’elle allait donner des concerts en France cette année, je me suis remis à écouter PJ Harvey et ses derniers albums que je ne connaissais pas, et je me régale.

Arte diffuse un concert qu’elle a donné en octobre à l’Olympia. L’occasion d’écouter ses dernières chansons mais aussi des plus anciennes, et de se laisser hypnotiser par son magnétisme.

C’est en ligne jusqu’en 2025.

Voici ce que j’ai retenu de tout ce que j’ai pu lire, voir ou entendre cette semaine.

Photo d’un plafond avec dorure

#MeToo dans le cinéma français: enfin!

Le mouvement #MeToo compte parmi les rares évènements positifs de notre époque. Bien évidement la France est à la traîne. La prise de parole des femmes dans le milieu du cinéma français est un magnifique exemple de courage. Il faut regarder et écouter les actrices parler.

C’est sur le site de Mediapart.

C’est grâce à des personnes comme celles-là que mes enfants pourront grandir dans un monde un peu plus juste et moins arbitraire.

La collaboration à l’honneur au Ministère de la justice

De quoi bondir: le portrait de Pierre Laval, chef du gouvernement du régime de Vichy et symbole la collaboration de l’État français avec les nazis est toujours affiché au siège du ministère de la Justice.

En 2018 son portrait avait été remplacé par un tableau noir au Ministère des Affaires étrangères. Mais là le ministère de la justice dit ne pas vouloir attirer trop d’attention sur le personnage.

Ne pas attirer l’attention sur les compromissions de l’état français avec l’extrême droite, voilà qui est étrangement d’actualité pour le gouvernement actuel.

À écouter sur le site de France Culture.

Être ému par des sociologues

Le quotidien du couple dit «Pinçon-Charlot» a été filmé pour un documentaire disponible sur la plate-forme Tënk, et disponible pour les abonnés de Mediapart. J’ai été touché par ces deux retraités qui continuent à se mobiliser pour changer le monde, après des années passés à le décrire en tant que sociologue.

Parmi les passages qui m’ont marqué:

  1. lorsqu’ils introduisent le concept de «violence symbolique» à un groupe de lycéens venus visiter les beaux quartiers de Paris. Ressentir cette violence est le début de la résistance, de la pensée critique.
  2. lorsque l’économiste Liêm Hoang-Ngoc raconte qu’il en coûterait 10 milliards d’euros pour passer le RSA à 1000 euros par mois. À comparer aux 20 milliards données aux entreprises pour le CICE, au moment de l’entretien.
  3. les retrouvailles avec Denis de Kergolay qui se plaint qu’ils se sont radicalisés avec le temps. De mon point de vue la prise de conscience des conséquences du capitalisme des vingt dernières années (en résumé: le réchauffement climatique qui menace la survit de l’espèce humaine, et des plus pauvres en premier) explique cette «radicalisation» davantage que la fin du droit de réserve comme le dit Monique Pinçon-Charlot.